Interview

02 Avr. 2019

Interview

Samira Lemaire, une nouvelle génération de Primeurs

Dans son petit magasin d’Uzès dans le Gard, Samira Lemaire exerce son métier avec dynamisme et ambition. Elle est de cette nouvelle génération de Primeurs à fond sur les réseaux sociaux, désireuse d’échanger et de partager.
 
Mon Primeur :
Qu’est-ce qui vous a conduit à ce métier ?
 

> Samira L.

Je suis née au Maroc et arrivée en France à l’âge de 4 ans. Mon père était ouvrier agricole et mon frère a ouvert son magasin primeur alors que j’avais 13 ans. J’ai donc grandi au milieu des vignes et des fruits et légumes. Pour ma part, je me destinais plutôt à une carrière paramédicale, j’ai décroché deux diplômes spécialisés et tenté le concours d’infirmière. Finalement, j’ai repris le magasin de mon frère en 1998 ; de son côté, mon mari avait sa propre entreprise de bâtiment avec 13 salariés. Quelques années plus tard, j’ai perdu mon mari alors que notre petit garçon était âgé de neuf mois seulement. Je dois dire que face à une telle épreuve, le magasin m’a permis de garder le contact avec la vie ; les relations avec les clients, le goût de mon métier m’ont aidé à avancer et à me reconstruire.
 
Mon Primeur :
Où en est votre magasin aujourd’hui ?
 

> Samira L.

Il a 30 ans d’existence et se porte bien. Nous sommes quatre salariés. Mon père fait l’ouverture du magasin tous les matins et une partie des achats. Ma petite soeur, la "chouchoute des clients" et Ghislaine, employée fidèle depuis 18 ans, sont plus à la vente. Quant à moi je fais les achats en alternance avec mon père, je m’occupe de toute la partie administrative et prépare les corbeilles. Mes clients ont confiance, ils savent que je leur propose des produits de qualité, que j’ai moi-même choisis et goutés.
 
Mon Primeur :
Quelle est votre offre de produits ?
 

> Samira L.

Notre offre se compose à 80 % de fruits et légumes frais, les 20 % restants sont des produits dérivés : des fruits et légumes secs, olives, feuilles de vigne, de la fleur d’oranger, de l’eau de rose ou de coco… et tout un mur d’épices du monde. Pour beaucoup, ce sont des produits rares ou exotiques que j’ai dénichés au cours de mes voyages ou bien chez l’un de mes trois fournisseurs dans ce domaine. Les clients savent qu’ils peuvent trouver chez moi tous les ingrédients un peu atypiques de leurs recettes. Pour les fruits et légumes, je travaille au maximum avec les producteurs locaux, avec certains depuis 20 ans. Je complète mes achats auprès des grossistes des MIN de Chateaurenard et Nîmes. Pour certains produits, il m’arrive parfois de m’approvisionner à Rungis notamment pour les fruits exotiques en fin d’année.
 
Mon Primeur :
Vous proposez aussi des corbeilles très travaillées…


> Samira L.

J’ai participé à l’automne 2017 aux épreuves qualificatives du concours MOF Primeur et en mai 2018 au Concours Corbeilles d’Or dans lequel j’ai remporté le deuxième prix. L’impact de ces concours a été énorme. Pour le réveillon de Noël dernier, j’ai préparé 60 corbeilles contre 30 l’année d’avant, j’y ai passé toute une nuit ! J’avais heureusement limité le choix des compositions avec notamment un sapin de Noël tout en fraîche découpe, versions fruits et légumes. Si la sélection dans notre métier est cruciale, la mise en valeur des produits l’est tout autant. Nous devons d’abord émerveiller les yeux et ensuite les papilles ! J’aime cet aspect créatif du métier. J’ai aménagé un petit espace dédié, et j’envisage de développer un service de livraison pour préserver la fraîcheur des corbeilles pendant le transport, jusqu’au domicile.

Mon Primeur :
Que vous apporte l’UMAP aujourd'hui ?
 

> Samira L.

J'ai adhéré à l'UMAP en 2017 et depuis, j’ai l’impression d’avoir trouvé une seconde famille, à l’écoute et très investie pour la profession. Je me sens rassurée, l’UMAP facilite notre métier, nous informe et nous accompagne dans toutes les démarches. Surtout, grâce à l’UMAP j’ai tissé des liens avec des Primeurs de toute la France, nous discutons quotidiennement sur les réseaux sociaux, partageons énormément, c’est comme une boîte à idées entre professionnels. Nous nous retrouvons sur certains événements pour promouvoir le métier et nous rendons visite les uns les autres, dès que possible. On devient une grande famille et ça, il faut le vivre pour en mesurer tous les bénéfices ! Je ne pensais pas un jour, entretenir de telles relations avec des confrères, toute cette dynamique est motivante et nous incite à aller de l’avant. Je compte d’ailleurs retenter le concours MOF ; ma réussite au concours de corbeilles est déjà une grande fierté et tout ça me donne envie d’aller plus loin. Les Primeurs qui veulent s’installer ou évoluer, doivent passer par l’UMAP, j’en suis convaincue.